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Inauguration de l'école Françoise Giroud le 6 décembre 2003

En présence de :

Monsieur Laville, Maire de Demouville

Monsieur Rodolphe Thomas, Député

Monsieur Christophe Pielot, Conseiller Départemental

Monsieur Cyril Laville, Maire de la Commune de Demouville

Madame Paulette Trinquet, Inspectrice Départementale de l'Education Nationale

Monsieur Sylvain Bouvet, Professeur des Ecoles

 

Texte du discours d'inauguration prononcé le 6 décembre 2003 par Monsieur BOUVET, actuel directeur de l'école

Trouver le nom d’une école n’est pas chose facile, c’est même aussi compliqué monsieur le député, que de trouver les mots justes pour un texte de loi, si j’ose dire.
Pour ce faire, Daniel Rodon, l’ancien directeur de l’école, a suivi une démarche rigoureuse et démocratique.
Comme à l’Assemblée, une commission était créée, mais celle-ci n’était composée que d’enseignants et de parents d ‘élèves.
Elle s’est réunie plusieurs fois pour proposer des noms.
Des critères simples avaient été définis : ne pas donner le nom d’une école proche de Démouville pour éviter les confusions, trouver un personnage un peu connu pour que ce nom puisse traverser le temps. L’étude des noms d’école de la couronne caennaise est édifiante : sur une cinquantaine d’écoles, 4 seulement ont un nom de femme, le pourcentage, même pour un élève de CM2 se calcule facilement, la parité est loin...
Après discussions, quelques noms comme Nelson Mandela, Simone Veil furent présentés au conseil d’école...
Embarrassé, ce dernier ne trancha pas et renvoya la décision au Conseil Municipal qui lui, décida (un peu comme le Conseil des Ministres et l’assemblée Nationale, monsieur le député).

Précisons que cette décision fut prise du vivant de Françoise Giroud et que notre intention n’était pas d’exploiter sa disparition.
Evidemment ce choix fit débat : n’aurait-on pas pu demander aux enfants de choisir ? Mais la population aurait peut-être été surprise de se retrouver avec une école Nolwenn ou Jenifer...
Certains auraient préféré un nom plus médiatique, plus clinquant, plus jeune. A ceux-là je répondrai que les enfants sont certes trop jeunes pour lire Françoise Giroud, mais que le rôle de l’école, un sujet dont on débat beaucoup actuellement, n’est pas de « faire plaisir aux enfants » mais de former de futurs citoyens éclairés...
Faisons un rêve comme dirait Martin Luther King et gageons qu’un jour, en voyant le nom de Françoise Giroud sur un livre, au lycée ou ailleurs, ils se diront : « Tiens, mon école portait ce nom » et qu’ils auront envie de mieux connaître le personnage en s’intéressant à son œuvre. Ils découvriront que cette grande dame parisienne n’est pas si éloignée de leur propre vie, qu’elle a eu une enfance difficile, qu’elle a été obligée de quitter l’école à 14 ans pour travailler et que dans une période extrêmement difficile  la guerre et l’après-guerre, elle a, grâce à son talent et à son travail, mené sa vie sans oublier ses origines. Elle a toujours souffert de n’avoir pas pu faire d’études mais elle apprit la littérature, le cinéma et l’histoire non pas sur les bancs du lycée ou de l’université mais en côtoyant les écrivains, les réalisateurs et les hommes politiques. Cette école-là vaut bien l’autre ! Cependant les gens qui l’ont connue nous ont dit qu’elle aurait été folle de joie d’apprendre qu’une école portât son nom.

Ce bonheur que nous éprouvons en lisant ses livres, nous lui en rendons une petite part à travers l’hommage d’aujourd’hui.


Articles de presse


Françoise Giroud


 

 

« Je suis la seconde fille d’un réfugié politique arrivé en France en 1915 fuyant son pays, la Turquie, où il était condamné à mort. 

Son crime : directeur de l’Agence Télégraphique Ottomane qu’il avait fondée , il refusa de collaborer avec les Allemands lorsque la Turquie enta en guerre à leurs côtés. La France était sa seconde patrie : il avait fait ses études à Paris, parlait plusieurs langues mais sa culture était entièrement française... La France... on n’imagine pas, aujourd’hui, ce que ces deux mots signifiaient pour un étranger, leur charge d’amour, de vénération, de gratitude...C’est cela qu’au plus profond de mon enfance j’ai hérité qui me rend, aujourd’hui encore, sensible à chaque instant le bonheur de vivre en France... »

Voilà comment Françoise Giroud (de son vrai nom France Gourdji) se présente au début d’Arthur ou le bonheur de vivre (paru en 1997). Son père meurt alors qu’elle n’a que 8 ans laissant sa famille dans le dénuement matériel le plus complet.

Elève brillante, elle se voit obligée d’abandonner ses études à 14 ans pour gagner sa vie.
Elle travaille dans une librairie où, à cause de son appétit intellectuel, la lecture l’occupe davantage que la vente des livres.

Elle apprend la sténo pour devenir secrétaire mais les hasards de la vie lui font rencontrer Marc Allégret qui l’engage pour être script- girl à 16 ans. Son premier film sera Fanny. Elle figurera sur le générique de la grande illusion et de beaucoup d’autres films célèbres.

Ses relations lui permettront de côtoyer l’élite intellectuelle des années 30 : Joseph Kessel, André Gide, Marcel Pagnol, les frères Prévert, Jean Renoir, Louis Jouvet, Saint-Exupéry (qui lui donnera son baptême de l’air)... Pendant la guerre, elle est emprisonnée à Fresnes pour faits de résistance.

Sa sœur et son beau-frère connaîtront la déportation dans les camps. A la Libération, toujours en quête d’indépendance, elle devient journaliste et rencontre Pierre et Hélène Lazareff qui lui confient la direction du journal Elle de 1945 à 1953.

Cette année-là, avec Jean-Jacques Servan-Schreiber, elle fonde L’Express dont elle assure la direction jusqu’en 1974.
Elle prendra, entre autres, parti contre la guerre d’Algérie, ce qui lui vaudra le plasticage de son appartement par l’OAS..

Femme classée à gauche - et le revendiquant - elle se fâche avec ses amis en acceptant par provocation, ou par défi, un poste de Secrétaire d’état à la condition féminine d’un gouvernement de droite de 1974 à 1976, puis de secrétaire d’état à la Culture de 1976 à 1977. Coïncidence, hasard ? sa meilleure amie aura été jusqu'à sa mort la propre fille d’André Malraux, ministre de la culture du général de Gaulle.

Elle trouve le temps malgré ses nombreuses activités de fonder une ONG : ACF (action contre la faim) qui regroupe aujourd’hui plus de 300 volontaires dans le monde. Son œuvre littéraire compte une trentaine d’ouvrages dont plusieurs biographies de femmes : Jenny Marx, Alma Mahler, Marie Curie, les Françaises, etc..

Intellectuelle éclairée et engagée, bourreau de travail, féministe, modèle d’élégance et de raffinement Françoise Giroud incarne le combat des femmes du 20e siècle en France.

 

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